On a vu des paquebots de loin sur le radar cette nuit et quelques bateaux de pêcheurs. “On” est un bien grand mot car je ne les ai pas vu du tout, mais Louis m’en parlait. Il a aussi descendu la grande voile durant la nuit.
Vers 6h je suis sortie dehors pour surveiller pendant que Louis dormait. Il faut qu’il ait des forces et de l’énergie notre capitaine. Donc jusqu’à 8:30 je l’ai laissé dormir. Moi j’ai beaucoup de difficulté à m’endormir depuis qu’on est parti. J’espère que ça s’améliorera avec le temps. Mais au moins, après l’omelette que Louis nous a fait pour déjeuner, j’ai pu aller dormir un peu de 9:30 - 11:30 (au moins 1h de sommeil). Cela m’a fait du bien. Beau soleil pendant ma sieste. Nuageux pour le reste de la journée.
Les batteries n’ont finalement pas rechargées cette nuit, mais Louis a coupé les pinces de la recharge de batterie qu’on a acheté à Terceira et il a essayé de charger les batteries avec. Ça a semblé fonctionner un moment. Je sais aussi qu’un moment donné il a tout éteint et quand il a tout rallumé, l’alternateur a recommencé à faire son travail correctement et à recharger les batteries. Ça nous a quand même fait assez peur qu’on laissera le moteur fonctionner avec les voiles quelques jours.
Comme c’est difficile de lire ou écrire avec un mal de mer, je me suis abstenue. Louis a pu lire, le chanceux. Moi je prenais mon Dictaphone pour noter les idées et souvenirs à vous raconter.
On voit déjà la différence de température car j’ai déjà moins froid. Les premiers jours j’avais mes combines, pantalon, salopette de voile, camisole, chandail chaud, manteau de voile et coupe-vent. Et aujourd’hui je suis seulement en combine avec un sac de couchage sur les jambes et mon manteau de voile mais ouvert. C’est tout de même frais, mais on sent qu’on s’en va vers plus chaud. Ça fait du bien!
Au lieu de suivre le trajet proposé qui passait derrière Sao Miguel (à tribord) et derrière Madères, le capitaine a décidé de naviguer tout droit devant. De passer par le milieu d’un anticyclone et donc son centre sans vraiment de vent au lieu de suivre le vent mais de faire plus de distance. Nous avons donc eu peu de vent et peu de vague aujourd’hui. Je commence donc à me sentir de mieux en mieux. La fatigue est toujours là, mais je me sens mieux. Je bois un peu plus, mais l’appétit n’est toujours pas revenue. Malgré cela, Louis nous fait de bon plats à chaque repas.
Entre 13-14h on s’est même lavé dans le cockpit. Il faisait assez chaud au soleil. Pas beaucoup de vent donc on en a profité. Ça a fait du bien. La chaleur part vite en général dès 16h donc on a profité du beau temps et de la chaleur tant qu’on a pu.
Nous avons failli passer dans une tempête mais le temps qu'on y arrive, elle était déjà passée. Ça faisait mon affaire, mais Louis aurait aimé la vivre!
On a profité de l’après-midi pour écouter de la musique et ajouter 2 bidons de diesel de 20l chacun.
Plus la journée avance et plus je sens que je suis fatiguée mais superbe journée encore une fois, on est chanceux, c’est extraordinaire.
Oh oui, cette nuit je me suis réveillée sans voir Louis. J’étais dans le carré et je regardais vers le cockpit sans le voir. Je me suis donc levée pour aller voir dans le cockpit. Pas de Louis. J’ai regardé vers le pont. Pas de Louis. Je suis retournée dans la cabine et j’ai regardé dans le lit du capitaine et dans le V bunk (le lit à la proue). Pas de Louis. Là j’ai pris une grande respiration et je me suis dit: « respire, il reste la salle de bain, sinon on est foutu ». J’ai cogné fort en disant son nom fort et en ouvrant porte. « Louis ». Et lui de me répondre: « parle moi fort sinon tu ne pourras plus dormir ». Heu… j’étais déjà sur un début d’adrénaline, tant pis si je ne m’endors pas tout de suite. Au moins on est toujours deux dans le bateau.
Une chance que je l’ai mon capitaine!
Toujours aussi plaisant de lire votre récit. Mais là, il va falloir que tu manges sinon Louis va arriver seul au Canarie.