Interminable nuit! Tellement longue! On s’est couché vers 18:30 et on s’est ensuite levé aux heures, donc ça en fait des réveils. Louis a commencé sa nuit dans le carré pour finir par s’endormir quelques heures dans le lit du capitaine. Je l’ai donc relayé pour surveiller les alentours et les écrans aux 30 min jusqu’à 3h. Il a ensuite voulu plus d’espace pour bouger rapidement donc il a pris ma place et j’ai pu m’endormir dans le lit du capitaine à mon tour de 3-6h. Ça a fait du bien en titi.
Louis a voulu mettre de l’essence durant la nuit mais comme ça ne pressait pas tellement, on s’est ravisé. Il y avait d’énormes vagues. C’était fou. Les vagues était plus hautes que le cockpit.
Je suis donc retournée à la toilette, sécurité oblige, et je finissais pas sortir les pantalons aux chevilles. Je me couchais sur la banquette pour pouvoir les remonter, c’était plus facile de cette façon. Bon, j’en ai profité pendant qu’on était juste deux. Ça aurait été malaisant à quatre disons!
Ce matin à 8h, Louis a crié « Land ho » (« terre en vue »). Tellement fatiguée que je ne veux même pas me lever pour aller la voir. C’est pathétique! Il a pris une photo qu’il m’a montré (Tenerife). Je vais aller la voir tantôt. Ça a vraiment été deux nuits épuisantes.
Un peu plus tard, j’ai entendu une sonnerie. Alors avec toute la bonne humeur et l’énergie qu’il me restait, j’ai crié: « Louis ton téléphone sonne. On a du signal. » Et lui, de péter ma bulle en me disant: « Cindy c’est juste mon alarme ». Bah, j’aurais essayé!
Il est l’heure du dîner et on est encore loin! Je veux dire, on voit maintenant Grand Canaria, mais ça ne veut pas dire qu’on arrive pour autant. On voit les immeubles et la ville, mais il faut faire le tour de la péninsule pour se rendre au port. Il faut longer un mur protecteur, un genre de mur brise-lames de 100km de long. Bon j’exagère, mais quand on est tout près et qu’on veut se rendre de l’autre côté depuis pratiquement une semaine, je vous juge que ça semble un mur qui n’en fini pas. C’est très commercial comme endroit, industriel même. Il y a une plateforme de forage, des immenses paquebots, des bateaux de croisière gigantesques, on est un peu déçu d’avoir quitter les Açores à ce moment précis. Mais bon, je veux aussi mettre les deux pieds à terre, donc on laissera une chance à l’île de nous montrer ses splendeurs plus tard.
On y arrive, on voit la fin du mur, on y est presque. On enroule les voiles. On se fait brasser un peu plus, mais on arrive. Et là, à quelques centaines de mètres de pouvoir entrer dans la baie, le moteur s’éteint! Oh que non, non, non, il n’en est pas question! Je veux aller à terre! On y est! On s’éloigne donc du mur et on lève les voiles pour avoir un peu de stabilité et que Louis puisse aller vérifier le moteur. On a une théorie mais il faut la vérifier. On n’a presque plus de diesel mais on en a encore suffisamment. Le problème, croit on c’est qu’il y a tellement de vagues et que ça tape tellement que ça a fait des bulles dans le diesel et l’air, le diesel n’aime pas ça.
On purge les bulles d’air et ensuite, on repart le moteur, on redescend les voiles et on se dirige vers la baie. Louis m’averti que si le moteur lâche encore, il faudra s’accrocher sur ce qu’on peut. Je regarde autour et ce n’est que de grosses structures métalliques ou des paquebots. Aucune façon simple de s’y attacher. J’en ai assez! Je veux juste être au quai.
Le moteur tient bon. On lui parle en titi au moteur! « Lâche pas » « Tu es bon » « Tu nous as amené à bon port, lâche pas »
On réussi à entrer dans la marina vers 16h et on se rend au quai de la réception. Deux employés nous y attendent pour que je leur lance les amarres. Ça y est, on est enfin arrivé!
Ils nous disent qu’ils nous attendent dans 30 minutes pour l’enregistrement. Parfait, ça nous laissera le temps de se laver un peu. Je pue! Mais comme je me change, ils nous disent qu’il faut y aller tout de suite car l’employé quitte bientôt. Je mets donc un coupe-vent et on y va. On met les pieds à terre! Bon, sur le quai d’abord, puis sur l’asphalte qui semble bouger. On s’assoit à l’intérieur et tout bouge, on en rit. On fait le nécessaire puis ils nous disent qu’on est chanceux, il y a un bateau qui est parti un peu plus tôt sinon on n’aurait pas eu de place à la marina. On leur demande si on peut rester au quai de la réception pour la nuit pour aller demain matin mettre du diesel avant d’aller s’amarrer pour de bon. C’est accepté! On peut relaxer ce soir! On prend donc une douche rapide dans le bateau, lire ici un bol d’eau chaude ou deux. Et on va ensuite se promener de l’autre côté de la marina, sur une rue de restaurants et de magasins de voile.
On arrête au Pier 19 pour le souper, recommandation de la marina. On commande des vodkas sur glace. Ce n’est pas commun en Europe, généralement ils font des gin tonic. Nos martinis ont à peu près 4oz de vodka chacun, sur de gros cubes de glace transparents. Ce qui réjouit Louis! Louis commande des crevettes à l’ail, qu’on se partage et qui sont très bonnes. Je n’ai pas voulu me prendre d’entrée car j’ai tellement peu mangé depuis une semaine que je n’ai pas très faim. Louis commande un steak et moi un tataki de thon extraordinaire. Si délicieux! Mais je n’ai pas pu tout le manger. La serveuse m’a même regardé avec des gros yeux en me demandant si je voulais le rapporter avec moi. Je lui ai dit que non car on n’avait pas encore l’électricité puisqu’on était au quai de la marina, mais que je n’y avais pas touché si quelqu’un voulait le reste. Je me suis sentie mal et me suis promis de retourner en manger un au complet. Gâteau au chocolat pour finir pour Louis, j’ai pris une ou deux bouchées. Tout était tellement délicieux, on reviendra!
C’est maintenant le temps d’aller dormir, dans la pince, notre chambre, tous les deux ensemble, dans la stabilité de la marina. Le quai de la marina grince mais on s’endort rapidement, on a vécu bien pire!
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