Grand départ aujourd’hui! Nous nous levons tôt pour aller porter, à pied, le réservoir d’eau fendu au magasin en espérant qu’ils pourront le réparer rapidement. Ils le peuvent mais ils en ont aussi des flexibles. On vote donc à l’unanimité pour cette option. On leur demande aussi si le gouvernail du windwane est prêt. Non, ils vont seulement commencer à travailler dessus ce matin. On leur dit qu’on reviendra le chercher prochainement. On retourne au bateau et Louis commence à installer le réservoir. Marie- Andrée arrive avec sa petite valise et moi, je me dépêche d'aller chercher les meilleurs croissants du monde, à la petite pâtisserie qu’on a découvert en mars: Panaderia pasteleria Ladesiempre. Je reviens vers 10:15, j’aide Louis à finaliser le départ. Je remplie les réservoirs d’eau. Puis départ vers 12:30. Je prends deux gravols au gingembre un peu avant pour votre information. Les gravols régulières me rendent un peu trop zombie.
On ne fait même pas 30 minutes et je le sens déjà. Louis et Marie-Andrée mange un sandwich mais je ne peux pas. Je prends un mini morceau de pain seulement. On sort à peine de la baie et je sens que je perd de l’énergie. Je regarde au large. Louis me dit de regarder l’île derrière. Je regarde 2 secondes et je reviens vers le large. Ça ne fonctionne pas.
Bon, pour les cœurs sensibles, je vous épargne la traversée. Ils ont beaucoup aimé leur traversée et j’ai battu mon record du nombre de fois où j'ai été malade en une traversée. J’ai passé une grande partie de la traversée dans le bateau, couchée, les yeux fermés. Louis me mettait quelques fois du Françis Cabrel que je pouvais chanter doucement pour me changer les idées.
Ne t’inquiète pas Andrea, quand tu seras ici, ça ne risque pas de t’arriver, je ne sais pas ce qui se passe avec moi, mais tu auras du plaisir, j’en ai aussi, avec moins d’énergie.
Après plus de 5h à naviguer avec génois et moteur. Le moteur lâche. Louis essaie de le redémarrer, sans succès. On continue donc à voile jusqu’à notre destination.
On arrive à la baie de Punta de Antequera au nord de Tenerife vers 21:30. Il commence à faire noir. Je prends donc ce qu’il me reste d’énergie et je vais à l’avant du bateau pour voir si le guindeau fonctionne. Il fonctionne. Je reste donc à la proue, en attendant que Louis me dise de jeter l’ancre. Je lui dit à combien de distance je pense voir les falaises. Il le sait sûrement, mais moi de voir les falaises se rapprocher dans le noir, disons que je veux juste m’en assurer puisque je ne sais pas le niveau de charge des batteries et si son GPS fonctionne. J’attends donc, assise à la proue, avec bien sûr, ma ceinture de sécurité et attachée à la ligne de vie. Il y a tellement de vagues que je ne reste pas sec bien longtemps. Je dirais même que je finis trempée, après plus de, ce que je pense être, 30 minutes. Je ne vois même plus avec mes lunettes, je dois les enlever. On s’entend que je donne tout ce qu’il me reste d’énergie à cette, je l’espère, dernière tâche de la journée.
(photo d'internet, ce n'est pas notre bateau, mais ça vous donne une idée d'où on était de nuit: la falaise que vous ne voyez pas en bas de la photo semble beaucoup plus près en vrai)
Je reçois le signal de Louis, je commence à descendre l’ancre. Il fait nuit noire. C’est presque irréel avec les zooplanctons qui illuminent l’ancre en entier lors de son contact avec l’eau. Sublime!
On met donc l’ancre et dodo. Avec une Mantus, sorte d'ancre, Louis n’est pas inquiet que l’ancre décroche. Il restera au lit toute la nuit.
Comme je ne suis pas certaine de comment je me sens, je préfère rester près de la poubelle et dormir dans le carré, sur la banquette de la salle à manger. Je me lève aux heures pour vérifier si on reste ancré.
J'adore toujours te lire. J'espère que tes malaises vont disparaître bientôt et que tu pourras en profiter au maximum.