On bouge tellement que je vois noir dehors, puis le ciel, puis noir. On tourne de 180 degrés pratiquement aux 30 et même aux 15 minutes, encore là, selon moi. Je passe la nuit réveillée. Il y a tellement de bruit dans le bateau. Marie-Andrée et Louis réussiront à dormir un peu au moins. L’ancre a bien tenu, c’est le principal et le site est superbe.
Louis travaille sur le moteur ce matin, mais ne trouve pas la cause. On voudrait bien visiter la baie et ses structures abandonnées, mais ce n’est pas le moment.
On voit un bateau s’approcher. On voit que c’est la garde civile. On se prépare donc à partir. On retire l’ancre et on tente de trouver le bon vent pour partir, ce qui est très difficile car le vent change constamment. Je fais donc de petits signes de la main à la garde civile pour qu’ils restent près, juste au cas où, par sécurité.
Après quelques temps, je descends même à la radio pour les aviser qu’on est en panne de moteur. Ils ne répondent pas. Comme je retourne à l’extérieur, c’est le port de Las Palmas (d’où on est parti hier) qui m’appelle à la radio. Ils me demandent si on a besoin d’assistance. Je leur dit que non, mais s’ils peuvent nous donner le nom d’une marina plus au sud pour réparer le moteur qui est mort, ce serait apprécié. Difficile d’expliquer en anglais, à la radio, que le moteur ne fonctionne pas, alors je dis qu’il est “dead” (mort). En plus, quand on me demande de changer de canal ça ne fonctionne pas, donc tous les gens sur leur bateau autour entendent nos péripéties au canal 16. Puis, c’est le port de Tenerife qui m’appelle pour nous dire d’aller à la Marina de Santa Cruz. Parfait!
Pendant ce temps, Louis a réussi à sortir de la baie comme un chef, comme un super capitaine. Ça n’a vraiment pas été facile et il a relevé le défi avec brio!
Oh, je sens que j’ai été trop à l’intérieur, ça ne va pas, je sors vomir par dessus bord. Puis Tenerife Traffic nous appelle à nouveau pour nous dire de les aviser quand on sera tout près.
Je vois ce que je pense être des orques. Que c'est beau la nature!
J'appelle Tenerife Traffic lorsqu’on est à moins de 1 mile nautique. Ils me répondent que personne à la Marina ne peut venir nous chercher et me demande à nouveau comme Las Palmas Port et Tenerife port, si on a besoin d’assistance. Au lieu de dire non, cette fois je dis oui. Puis c’est silence. Donc après quelques minutes, je rappelle en demandant une assistance, ce qui a été très particulier à demander. Ils me disent que la garde côtière sera là dans 15 minutes. Je reste donc à la table du capitaine, dans le voilier, en attendant. Puis, je suis malade à nouveau dans la poubelle, et comme je me relève la tête, la garde côtière m’appelle. Je m’essuie rapidement la bouche pour leur répondre (navrée pour les visuels d'entre vous).
Je sors ensuite les voir arriver avec toute l’énergie qu’il me reste, ce qui n’est plus grand chose à ce moment là. Ils lancent une petite balle accrochée à une corde entre l’étai et les haubans qui tombe de l’autre côté du bateau. Ils le font à merveille car Louis prend la corde et la tire puisqu’elle est accrochée à un plus gros cordage qu'il attache au bateau et son travail arrête là. La garde côtière fera le reste. Oh que c’est impressionnant! Ce sont de vrais professionnels. Ils mettent des défenses entre nous et eux et nous mènent jusqu’au quai. Puis près du quai, Louis mets nos défenses pendant qu’ils nous stabilisent. Deux personnes de la marina sont sur le quai pour attraper les amarres que Louis et moi leur lançons.
Incroyable aventure!
La garde côtière reviendra nous voir demain pour la facture ainsi que la marina qui est fermée. Il est quand même 15:30.
Louis et moi allons marcher un peu car Louis a faim. Personne n’a dîné sur le bateau. Moi, je ne veux qu’une soupe pour voir si je la garderai. On fait 3 restaurants qui nous disent qu’avec cette chaleur, il n’y a pas de soupe, mais nous envoient à un autre restaurant qui en aurait. On y va donc.
On s’y assoit et ils nous proposent de la gaspacho. Louis me dit que ça peut être dur à digérer mais je ne veux pas autre chose. J’ai de la chance, elle est aux fraises et melon d’eau. On explique au serveur que j’ai été malade sur le bateau et que je ne prendrai que ça et il répond que ça parait. Merci ! Bon ok, je sais que je ne suis pas à mon avantage.
Dans un nouvel endroit, il faut toujours chercher les sorties de secours, par prudence, moi, c’est les poubelles que je cherche, juste par précaution.
Louis prend une pizza. Sa meilleure à vie. Surtout après nos derniers jours de navigation. On écrit à Marie-Andrée qu’on lui rapporte le souper, le reste de la pizza, car personne ne voulait cuisiner. Je réussis même à en manger un peu sur le bateau, sans peur de donner un spectacle en public.
Pendant qu’on était parti, Marie-Andrée a fait sécher mon linge mouillé d’hier. Elle a fait la vaisselle, fait son lit, ramasser le bateau. Une femme remarquable!
Nous avons aussi appris qu’il y a beaucoup de vent l’été aux canaries donc la plupart des bateaux restent à quai. On aura donc encore plus d’histoires à raconter dans le futur et on trouvera des journées plus calmes pour m’aider à naviguer, sinon Louis a dit qu’il me mettrait sur un autobus jusqu’à la destination. Ce qui n’est pas fou. Aussi insensé que ça puisse paraître, j’aime naviguer, même si je commence à anticiper un peu le prochain départ.
On reste relaxe sur le bateau pour le reste de la soirée à discuter ou juste être. Puis, on marche un peu sur le quai et dodo à 21h. Il fait encore clair, mais c’est assez pour nous.
Comments